Citations de Jean-Paul Delevoye (Entretien à "La Vie" 2010)

15/02/2013 17:01

Des citations de Jean-Paul Delevoye, alors Médiateur de la République, issues d’un entretien accordé au magazine « La Vie »  le 2 septembre 2010.

 

Entretien disponible sur le site suivant :

 https://www.lavie.fr/dyn/imprimer.php?link=/hebdo/2010/3392/jean-paul-delevoye-refonder-le-pacte-de-solidarite-01-09-2010-9072_155.php

 

 

  • Être citoyen, c’est se sentir responsable et solidaire de l’autre, alors qu’aujourd’hui les Français sont devenus consommateurs de l’État. La plupart disent : « J’ai travaillé 40 ans, j’ai droit à... » C’est une grave erreur de penser ainsi. La retraite n’est pas un dû. Il faut redonner du sens à la solidarité publique, tant du point de vue de celui qui donne que de celui qui reçoit. Quand je travaille, je suis responsable de ceux qui ont terminé leur carrière. Quand je suis retraité, je mesure le sens de l’effort fourni par les actifs. Faute de quoi, on entend : « J’en ai marre de payer des impôts pour ceux qui ne travaillent pas, j’en ai assez de payer des retraites que je ne toucherai pas... » Il y a là une sorte de racisme social, une montée des égoïsmes qui sont à l’opposé du pacte de solidarité sur lequel est fondée notre nation.
  • En période de crise, la démocratie peut basculer vers le pire ou vers le meilleur. […] Ou bien l’homme politique guide le peuple et on retrouve le sens de la grandeur, de la solidarité nationale, qui étaient au cœur de notre système social. Ou bien l’homme politique caresse les égoïsmes individuels et on bascule alors dans le chacun pour soi. Nous sommes dans un moment d’équilibre extrêmement préoccupant.
  • Il y a trois grands sentiments qui structurent les sociétés : l’espérance, la peur et l’humiliation. La chute du mur de Berlin a achevé l’espérance collectiviste, la faillite de Lehman Brothers, l’espérance ultralibérale, nous avons perdu les espérances religieuses et philosophiques, et même le politique n’arrive plus à réenchanter l’avenir. Reste alors le champ des peurs et des humiliations dont l’exploitation ouvre la porte au populisme et à l’extrémisme. En France, un basculement préoccupant s’est opéré entre 1995 et 2002, avec le passage du thème de la fracture sociale à celui de la sécurité. En sept ans, on est passé de « je me sens responsable de l’autre », à « j’ai peur de l’autre ».
  • « Comment rebâtir notre pacte de solidarité ? » : Nous devons instaurer un autre rapport au temps, à l’espace et à l’autre. Remettre du moyen et du long terme dans les décisions politiques et économiques. Cela suppose également un autre rapport entre la majorité et l’opposition, qui doivent, certes, s’affronter mais aussi savoir dialoguer en dehors de toute pression électorale. Je souhaiterais qu’elles puissent formuler un diagnostic partagé sur ce que doit être notre pacte autour de la retraite, la santé, la fiscalité. Enfin, pour restaurer la confiance dans le politique, les dirigeants doivent faire preuve d’une éthique et d’une morale exemplaires.
  • Tout décideur devrait être soumis à des analyses profondes sur son éthique.
  • Chacun doit se sentir concerné par la réussite collective.